En tant que parent on se questionne souvent sur l’intelligence de notre enfant. On est quelquefois porté à le comparer aux autres enfants de la maison ou du quartier. Je me souviens par exemple que lorsque mon premier garçon David avait 4 ans, j’étais tout à fait ébahie par son petit copain qui habitait à quatre maisons de chez nous et qui était capable de lire de petits livres. David par contre à 18 mois assemblait des casse-tête de 16 morceaux avec facilité et un peu plus âgé il était un vrai champion pour retrouver dans quelle petite tasse j’avais caché un ou plusieurs petits bonhommes. Même moi je ne m’en souvenais plus (je suis nulle à tous ces jeux). Plus tard, mon autre garçon Michaël était capable de replacer toutes les lettres de son prénom en ordre à 18 mois….et ma fille à 4 ans reconnaissait toutes les lettre de l’alphabet. Je me disais à l’époque que c’était parce que je jouais souvent avec eux à tel ou tel jeux et que j’avais trouvé une façon amusante de leur enseigner des choses. Lorsqu’ils furent plus vieux, j’ai remarqué que David et Mélissa étaient attirés par le dessin, David dessinait des bandes dessinées et Mélissa des personnages et des petits paysages. Mélissa s’intéressait beaucoup au patin artistique alors que ses frères s’amusaient à se construire de petits scénarios et petits films. Plus tard ils participèrent au Festifilm à l’école secondaire et Michaël a même été étudié au Cegep dans ce domaine. Ils prirent aussi ensemble des cours de théâtre et participèrent à des pièces. David aimait le hockey mais n’aimait pas se lever tôt et Michaël a essayé le soccer et un peu le football mais n’était pas du tout emballé. Ce n’est que beaucoup plus tard que David s’inscrivit dans une ligue de hockey et ma fille en cours de danse ainsi qu’au hockey.

À cette époque je ne savais pas qu’ils développaient des formes d’intelligence car comme la plupart des gens je reliais l’intelligence à une bonne compréhension, de bons résultats scolaires, une facilité d’apprendre. C’est lors d’un cours que j’ai suivi, alors que j’avais une garderie milieu familial, que j’appris et compris qu’il y avait, selon Monsieur Howard Gardner, huit types d’intelligence. Ce psychologue américain a formulé la théorie des intelligences multiples. Selon lui, ces huit intelligences interagissent afin de nous permettre de réaliser nos activités quotidiennes à notre mieux. Ces huit sortes d’intelligence sont les suivantes, (il est à noter que les références pour les informations qui vont suivre se retrouvent à la fin de cet article):
interpersonnelle: entrer en relation avec les autres
intrapersonnelle: permet d’orienter sa vie
kinesthésique: permet d’établir des relations entre le corps et l’esprit
linguistique: transmettre des connaissances ou des sentiments par le langage.
logico-mathématique: permet de mettre en relation différents éléments d’information.
musicale: permet d’être sensible aux sons ou d’entrer en relation avec les autres et avec le monde au moyen des sons.
visuo-spatiale: permet d’être sensible aux images ou de percevoir le monde à travers ses aspects visuels et dimensionnels.
naturaliste: permet d’être sensible à ce qui est vivant ou de comprendre l’environnement dans lequel l’humain évolue.

Les quatre points importants face à ces huit intelligences :
-Ces intelligences ne se développent pas toutes au même rythme mais de façon individuelle.
-Elles se coordonnent pour nous permettre d’agir.
-Ces intelligences forment un tout et chacun les développe selon ses propres niveaux et en fait un assemblage unique.
-Chaque intelligence correspond une mémoire spécifique.

Pourquoi je vous explique tout ça? «Parce qu’il est important de bien comprendre afin de pouvoir, en tant que guide pour notre enfant, lui remonter le moral si un jour il arrive en vous disant «je suis nul, je suis vraiment pourri en math, je n’ai aucune intelligence.» Vous pourrez alors lui expliquer que l’intelligence réside dans plusieurs domaines et que la sienne est plus axée dans la musique par exemple, ou dans la connaissance des plantes, ce qui n’est pas le cas pour les math où il doit faire un effort supplémentaire pour arriver à une bonne compréhension.

CONDITIONS FAVORABLES
Il est bien de comprendre aussi qu’il y a des conditions favorables au développement des intelligences. D’après Gardner il y a cinq facteurs d’éveil ou d’inhibition de l’intelligence.
Inhibition. Absence ou diminution d’un comportement qui, dans une autre situation semblable, avait été présent ou plus fort. Processus interne qui est supposé empêcher ou freiner l’apparition d’une réponse et expliquer ce comportement : La timidité provoque chez lui une inhibition de la parole.
Définitions : inhibition – Dictionnaire de français Larousse
www.larousse.fr/dictionnaires/francais/inhibition/43108

Selon Belleau, (2010, p. 14-15)
1. La stimulation grâce à l’accès à des ressources physiques ou humaines.
(Ex : prendre une leçon de piano, aller à la bibliothèque, avoir un contact avec un adulte stimulant qui suscite une passion ou de l’intérêt pour un domaine en particulier.)
2. La stimulation liée au fait de vivre à une époque ou au sein d’une culture donnée.
(Ex : au Québec, avant la Révolution tranquille les personnes optaient souvent pour étudier afin de devenir infirmières, enseignantes, missionnaires ou intervenantes sociale. Elles se tournaient aussi très souvent du côté des ordres religieux.
3. La stimulation qui découle du milieu de vie immédiat
(Ex : dans un quartier défavorisé les gens ont souvent accès à des services limités pour favoriser le développement des différentes intelligences.)
4. La stimulation associée à une volonté familiale.
(Ex : autrefois au Québec, l’aîné héritait de la ferme familiale. Il était important que la profession demeure dans la famille, être médecin de père en fils.)
5. Le contexte de vie
(Ex : le fait de vivre avec un grand malade lorsqu’on est jeune peut avoir un impact sur le développement de certaines intelligences, au même titre que le fait d’appartenir à une famille nombreuse vivant dans un petit espace.)

Belleau (2010) explique:
Les dix principes de base relatifs à l’apprentissage
Outre ces cinq facteurs, il y a aussi dix principes de bases relatifs à l’apprentissage.
1. L’apprentissage met en œuvre tout l’être
Le corps et l’esprit sont liés dans l’apprentissage. Les sens captent l’information que le cerveau traite. Un corps bien disposé est plus apte à apprendre. Par exemple, il est démontré qu’une activité physique précédant une activité intellectuelle exigeante rend le cerveau plus disponible. L’alimentation a aussi un impact sur l’apprentissage. Un ventre vide ou une mauvaise alimentation nuisent à l’apprentissage.
2. L’apprentissage est un acte social
Une personne apprend rarement seule. Elle imite les autres, les observe et reçoit des connaissances partagées par d’autres. Elle communique pour valider ses connaissances ou en savoir plus. Elle interagit avec ses pairs.
3. L’apprentissage doit avoir un sens pour la personne
Apprendre pour apprendre fonctionne rarement. Une personne apprend pour atteindre un but. La motivation peut venir d’elle-même ou d’une source externe.
4. L’apprentissage part du connu pour aller vers l’inconnu
Pour apprendre, il faut reconnaître, discerner l’organisation, la structure, la logique. Apprendre, c’est tisser des liens entre ce que l’on sait déjà et ce qui est nouveau. (Ex: l’enfant apprend ses chiffres, plus tard il doit apprendre à additionner, soustraire etc.)
5. L’apprentissage est influencé par la motivation, les préjugés, l’estime de soi et l’état émotif.
Lorsqu’une personne est heureuse, elle est plus disposée à apprendre que lorsqu’elle est préoccupée. Dans cette dernière situation, le cerveau n’est pas nécessairement disponible.
6. L’apprentissage est influencé par l’environnement
L’environnement crée un filtre ou des distractions. Variables selon la personne, ces perturbations sont toujours présentes et presque inévitables.
7. L’apprentissage requiert de l’attention
La qualité de l’attention joue sur la compréhension, mais l’attention ne garantit pas la compréhension. La compréhension peut aussi ne pas être immédiate, mais survenir des heures, des jours, voire des semaines plus tard.
8. L’apprentissage nécessite de prendre le risque de se tromper
C’est aussi apprendre de ses erreurs. Lorsqu’on pénalise l’erreur, on incite la personne à ne pas prendre de risques. Se tromper est positif dans la mesure où l’erreur sert de levier à l’apprentissage.
9. L’apprentissage est influencé par le degré d’implication de la personne
Un enseignement statique, dans lequel la personne est auditrice, est beaucoup moins efficace qu’un enseignement qui permet à celle-ci de participer activement à l’apprentissage.
10. L’apprentissage se fait différemment pour chaque personne
L’expérience et les acquis de chacun sont différents. Dès lors, les savoirs sont distincts et l’apprentissage se fait différemment.
(p. 15-16)

Pyramide de Maslow
Il faut aussi tenir compte de la pyramide de Maslow qui renferme les 5 besoins essentiels car la satisfaction de ces besoins est à la base de l’apprentissage.
1. Besoins physiologiques
2. Besoin de sécurité
3. Besoin d’appartenance
4. Besoin d’estime
5. Besoin d’accomplissement
Belleau (2010) explique:
«-Un enfant qui a faim ou qui est fatigué ne peut apprendre
-Un enfant qui est maltraité ou malade est peu disponible à l’apprentissage.
-Un enfant qui s’inquiète de ses liens familier ou qui ne comprend pas pourquoi il est au service de garde n’apprend pas facilement.
-Un enfant dont les forces ou les réalisations ne sont jamais reconnues a du mal à apprendre.»
(p. 35)

CONCLUSION
Ouf! Me direz-vous, ça en fait des choses! En effet, mais ne vous inquiétez pas, je vous ai fait un petit tableau récapitulatif face à l’intelligence que j’ai placé dans la section trucs et bricolages pour parents seulement.
Je trouvais important d’apporter toutes ces précisions car ceci nous rassure en tant que parent et nous fait comprendre qu’il y a plusieurs points à considérer avant de porter une conclusion hâtive, par exemple, face à une difficulté à apprendre une matière (qui peut être en lien avec les huit types d’intelligence), face à une mauvaise note (qui peut être en lien avec une contrariété, une inquiétude, un déjeuner hâtif, un manque de concentration dû à l’environnement ou autre), et trouver la façon d’y remédier.
Toutes ces explications nous permettent d’aller au-delà de et d’apporter le soutien nécessaire à notre enfant. Je vous dis un grand merci d’être là et de vouloir faire une différence auprès de ces jeunes qui ont tant besoin de notre amour, notre présence et notre soutien.
Nicole

Mes sources:
Belleau,J. (2010). Guide d’intervention: Les intelligences Pluriailes. Québec: Septembre éditeur.