Qu’est-ce qu’il n’y a pas de plus passionnant pour nous, les parents, que de parler de nos enfants entre nous. Souvent on les croit endormis ou bien en train de jouer avec leurs amis, mais attention! Souvent, sans que nous le sachions, nos enfants nous écoutent.
Je me souviens lorsque j’étais enfant combien j’aimais écouter les adultes. Je les entendais discuter entre eux de mes bons coups, de ce que je n’avais pas fait de correct, j’entendais ma mère dire à mon père combien elle avait de la peine d’avoir été obligée de me disputer. Je me souviens même d’une fois où j’avais été très malade, et où j’avais entendu ma mère pleurer et se confier à mon père «je ne veux pas qu’elle meure. Je n’y survivrais pas! »
Lorsque ma tante appelait ma mère, j’adorais écouter leurs conversations. Elles se donnaient des conseils entre elles à propos de moi et de ma cousine. Je les entendais aussi discuter de tout et de rien, de leurs opinions face à des gens ou des émissions…C’était très enrichissant, j’apprenais ce que ma mère aimait ou n’aimait pas, ce qui la blessait, lui faisait de la peine, etc. Et il en était de même lorsque mon père discutait avec ses frères ou ses amis ou lorsqu’il racontait au souper ce qui s’était passé au travail.

Lorsque les mots peuvent devenir des maux
Lorsque les conversations des adultes tournent autour de choses et d’autres ça va, cependant, ce n’est pas toujours le cas et les enfants risquent quelquefois d’entendre des propos comme ceux-ci : «Oh tu sais, mon garçon est tellement distrait!» «Le mien ne cesse de faire des crises!» «Et ma fille n’est jamais satisfaite». Et il y a plus désolant: il y a des parents qui disent cela en présence de leurs enfants!
Un exemple qui m’a beaucoup frappée lorsque j’avais ma garderie milieu familial fut celui-ci: le vendredi soir j’ai donné un cadeau à une petite fille. Il consistait à construire et à peindre un petit cadre dans lequel elle y mettrait la photo de son choix. La famille venait d’emménager dans une nouvelle maison et je me suis dit qu’elle aimerait faire ce petit bricolage pour enjoliver sa nouvelle chambre. Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre sa mère me dire le lundi matin «devant sa fille» «Je te remercie de ce que tu lui as donné, c’est super beau.» Je demande alors à la petite «Tu as déjà terminé de construire le petit cadre?» La mère a alors répondu «Oh! Elle ne l’a pas fait, je l’ai fait pour elle, car je tenais à ce que ce soit bien fait!»
Un autre exemple me vient en tête : moi et mon mari étions assis dehors au restaurant. Des gens débarquèrent de l’auto pour aller rejoindre des membres de leur famille. Parmi eux il y avait une jeune fille. Voyant les gens approcher vers elle, elle baissa la tête et regarda le sol. Sa mère dit : fais pas encore ta gênée! Et l’autre dame que j’ai supposé être sa tante lui dit : tu peux nous regarder tu sais, ça ne te fera pas mal! On ne va pas te mordre!

Heureusement il n’en est pas toujours ainsi.
La plupart du temps, nous jasons entre nous pour nous rassurer, pour nous confirmer que nous ne sommes pas les seuls à vivre telle ou telle situation avec notre ou nos enfants. Nous discutons pour nous soulager quelquefois en nous disant que finalement ce n’est pas si pire que ça, qu’il y a des enfants qui font bien pire, ou simplement pour aller valider si l’action que l’on a posée était la bonne ou si un parent pouvait nous donner un truc génial qui nous aiderait. Tout cela est correct tant que les enfants ne sont pas près de nous au moment où on le fait, car lorsque les enfants entendent de telles choses, les enfants pensent que c’est vrai parce que les adultes sont censés savoir! Souvent ceci a pour effet d’ancrer l’enfant dans le rôle qu’il s’est donné ou qu’on lui attribue.
Ici je vous entends me dire : mais comment l’enfant peut-il en arriver à s’attribuer un rôle? Tout simplement à cause de ce que je viens d’écrire : les enfants croient les propos des adultes, car ceux-ci sont censés savoir! Alors, si vous dites, comme dans l’exemple du petit cadre, que votre enfant n’est pas assez habile ou ne s’applique pas assez pour faire un beau travail, l’enfant le croit et ceci se répercute sur ses travaux à venir, «pourquoi me forcer? De toute façon ça ne sera pas beau!
Alors, non seulement ceci risque d’ancrer l’enfant dans un rôle, mais ceci risque aussi d’amenuiser grandement sa confiance en lui.

Au-delà des mots, il est aussi important de surveiller notre attitude!
La façon dont un parent perçoit son enfant se reflète sur sa façon d’agir avec son enfant. Si je reprends l’exemple du petit cadre, le parent croyant l’enfant mal habile a adopté une attitude en relation avec sa façon de voir les choses. Selon Faber et Mazlish (2002, p.255/256), parfois un simple regard, le ton de notre voix ou quelques mots peuvent confirmer à l’enfant notre perception face à lui-même, et ceci en quelques secondes. Donc, si nous multiplions ces quelques secondes par toutes les heures passées ensemble, il n’est pas difficile d’imaginer combien notre opinion, versus notre comportement, peut influencer l’enfant et modifier ses sentiments et son comportement.
Tous les enfants ont besoin qu’on confirme leur force et qu’on ignore ou qu’on réoriente leurs faiblesses. (2004, p. 146)
Combien de fois entendons-nous : j’ai réussi parce que cette personne a eu confiance en moi, parce qu’elle a perçu ce côté de moi que les autres ne voyaient pas?

Une autre façon de voir les choses :
S’autoriser à croire en soi, c’est se permettre d’avancer. On ne peut exister bien sans se donner les moyens d’être. (Alexandra Julien)
La confiance en soi est ce dont notre génération manque le plus. Pourquoi croyez-vous? Parce que l’accent a été mis, depuis que nous sommes petit, sur ce qui n’allait pas au lieu de sur ce qui allait bien. Et c’est aussi, d’après moi, une des raisons pourquoi nous retenons immédiatement la seule et mauvaise critique au lieu de nous attarder sur toutes les critiques constructives que nous avons reçues.
Connaissez-vous la méthode du stylo vert? C’est la méthode qu’a employé une jeune maman russe, Tatyana Ivanko. Cette méthode consistait à mettre en évidence, en les entourant d’un crayon vert, toutes les lettres et les formes que son enfant avait bien réussies et à faire abstraction de celles qui ne l’étaient pas.
Pourquoi ceci est génial? Parce que notre subconscient imprime ce qui est mis en évidence et le met en mémoire. Lorsque nous nous attardons qu’aux bons résultats, notre cerveau inconscient répète ce que nous faisons de bien pour atteindre ce bon résultat et il écarte tout ce qui fait en sorte de ne pas l’obtenir. Nous n’essayons donc plus d’éviter les erreurs, nous nous concentrons sur ce qui produit nos réussites.

Nous avons un rôle important!
Ce que l’enfant entend (et ceci sans que nous le voulions) et perçoit dans notre attitude ou notre non verbal peut donc atteindre sa confiance en soi, mais aussi le projeter dans un rôle. Pourquoi?
Parce que, selon Faber et Mazlish (2004, p. 146) et comme je l’ai expliqué les enfants se voient en premier lieu à travers nous. Ils s’en remettent en premier lieu à nous afin qu’on leur reflète non pas ce qu’ils sont, mais ce qu’ils sont capables de devenir.
Selon Faber et Mazlish (2002, p.264) il n’y a pas de défi plus grand pour un parent que celui d’aider un enfant qui persiste dans un comportement inadéquat. Ceci exige de se contenir pour ne pas faire une remarque qui le solidifierait dans ce genre d’attitude et trouver une ou des façons de faire qui l’amènent dans la bonne direction.
Il nous faut aussi une bonne imagination afin de visualiser l’enfant transformé, car comme je le dis souvent «visualiser du positif ça donne des miracles!»

Voici quelques trucs pour aider votre enfant
Voici quelques trucs offerts par Faber et Maslish (2002, p. 257)
Observez, observez, observez et fournissez à votre enfant l’occasion qui lui permettra de se voir autrement : (brise-fer : ça fait longtemps que tu joues avec ce jouet, je me souviens, tu étais tout petit lorsqu’on te l’a acheté et il est comme neuf!
Placez-le dans un contexte où il devra faire une action dans le sens voulu : (Pour l’enfant qui n’aime pas partager ses jouets : demander aux enfants de se choisir un jeu et expliquez leur que lorsque la sonnerie se fera entendre, ils devront échanger les jouets.)
Dites devant lui des choses positives à son sujet.
Montrez-lui l’exemple
Lorsqu’il sera découragé pour une raison quelconque, soyez sa caverne d’Ali Baba en lui rappelant une belle action qu’il a accomplie dans le passé en lien avec cette situation.
Lorsque son comportement passé tend à refaire surface, exprimez lui ce que vous ressentez et ce que vous attendez de lui. (Je n’aime pas lorsque tu me parles de cette façon, dis-le moi autrement.)

CONCLUSION
Alors voilà, j’espère que cet article vous a éclairé. Il est évident que tout ceci est un processus qui se construit à chaque jour, un pas à la fois. Autant pour nous les parents qui avons besoin de nous familiariser à de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de voir les choses, et autant pour les enfants qui ont à s’ajuster à la démarche dans laquelle nous l’amenons.
Pour le truc du stylo vert par exemple, il est possible que vous observiez une belle chose par jour. Mais à force de focaliser sur ce qui est bien au lieu du contraire, les bonnes actions vont s’accumuler d’elles-mêmes, car l’enfant va s’encourager à les reproduire.
Il peut arriver que les mauvaises habitudes reprennent le dessus. Cependant, lorsque nous en sommes conscients, avec tout l’amour qui nous habite, nous sommes capables de rectifier plus vite la situation.
Un grand merci d’être là et de vouloir faire une différence auprès de ces jeunes qui ont tant besoin de notre amour, notre présence et notre soutien.

Nicole

Mes sources :
Adele Faber et Elaine Mazlish, (2002) Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.
Adele Faber et Elaine Mazlish, (2004) Parents épanouis, enfants épanouis.