Introduction
Dans cet article, je nous amène à une réflexion sur l’importance d’axer nos interventions sur les réussites de l’enfant.

Pourquoi j’insiste sur « les réussites »
Avoir des réussites donne le goût de poursuivre, de continuer dans la bonne voie, de faire mieux, de faire plus pour s’améliorer. Je vous ai déjà parlé de « la méthode du stylo vert ». Dans l’article de la méthode du stylo vert il est dit ceci : « Quand nous apprenons, que nous nous entraînons, notre cerveau inconscient est programmé pour répéter les choses que nous avons réussi à faire bien (et dont nous pouvons voir les résultats) et à écarter les choses qui ne donnent aucun bon résultat. Il s’agit d’une motivation interne également très différente et beaucoup plus positive : nous n’essayons plus d’éviter les erreurs, mais nous essayons de reproduire nos victoires, de refaire ce que nous avons particulièrement bien réussi. Cela peut vous sembler être plus ou moins la même chose, mais en réalité le fossé qui sépare ces deux modes de pensée est absolument énorme ! » http://: https://www.conscience-et-eveil-spirituel.com/stylo-vert.html

Ce qu’il y a d’intéressant avec cette méthode, c’est le fait que nous nous attardons et soulignons seulement un bon comportement : « tu as fermé la porte derrière toi, super. Merci d’avoir éteint la lumière. J’apprécie que tu sois parti en marchant. C’est plaisant de vous voir jouer ensemble en harmonie ». Avouons qu’il est beaucoup plus plaisant de se faire dire les choses de cette façon, et que ceci est super motivant pour continuer à bien faire.

Parce qu’enfant = moment présent
Il ne faut surtout pas oublier, et nous sommes souvent portés à le faire, qu’un enfant agit dans son moment présent. Lorsque nous lui apportons une critique, où lorsque nous le réprimandons, il n’est pas du tout dans un état d’esprit favorable pour nous écouter, il est dans son action de l’instant, dans son plaisir de l’instant, dans ses émotions de l’instant. Un peu comme si nous nous placions au début d’une ligne au point A, et que lui était tout à l’opposé au point B, comme si nous étions au repas principal et qu’il était au dessert. Si ni l’un ni l’autre n’est dans la même action en même temps, difficile de se comprendre et de s’entendre. Regardons ensemble ceci de plus près :
-L’enfant ne ferme pas la porte parce qu’il est pressé de se rendre à destination, il veut arriver le premier sur la glissade. Notre mode de pensée : « je ne climatise pas pour dehors » ou encore, « les insectes vont entrer dans la maison ». Cependant, l’enfant n’en a rien à foutre.
-L’enfant ne ferme pas la lumière de la salle de bain, car il vient de penser que son émission préférée vient probablement de commencer. Notre mode de pensée : « ça parait que ce n’est pas lui qui paye le compte d’électricité. » En effet, l’enfant ne comprend encore rien aux comptes à payer.
-L’enfant se met à courir pour rejoindre son frère qui l’appelle pour jouer. Notre mode de pensée : « les planchers vont craquer de partout si les enfants continuent de courir ainsi dans la maison. » ou bien « il risque de se faire mal à courir de la sorte ». L’enfant ne connait rien aux lois de construction et n’est pas non plus conscient qu’il pourrait se blesser.
Lorsque nous faisons une remarque à l’enfant, c’est un peu comme si nous passons à côté d’un ventilateur qui propulse de l’air frais, sur le coup, nous la ressentons et ensuite ça fait parti du passé, au bout de quelques minutes nous oublions que nous avons passé à cet endroit à moins que quelqu’un nous le rappelle : « ça a fait du bien tantôt cette brise fraîche ». C’est un peu ce que l’enfant ressent lorsqu’il reçoit des remontrances, des recommandations, il se souvient sur le coup, mais ensuite il passe à autre chose, il revient à son monde d’enfant. On s’en rend compte quelquefois, on dit quelque chose à l’enfant, il nous regarde et ensuite reprend son activité là où il en était rendu.

Pourquoi remplacer les privilèges par des réussites?
Les privilèges sont une autre façon d’encourager les enfants ou de leur faire comprendre ce qui est bien. Ce que je déplore avec les privilèges, c’est qu’ils sont échelonnés sur une longue période de temps :

-si tu as un beau bulletin, tu auras ton jeu vidéo.
-Si tu passes une belle semaine à la garderie, nous irons au cinéma en fin de semaine.
-Si tu ……. , tu vas avoir un collant, lorsque tu arriveras à 10 tu pourras avoir un ……
-Si tu écoutes toutes les consignes, tu auras un « vert » à la fin de la journée.

Avec cette façon de faire, l’enfant subit une pression, car il doit constamment se surveiller, faire attention, faire des efforts pour recevoir quelque chose. Et, ce qui est déplorable dans cette façon de faire est que : s’il a réussi à suivre toutes les consignes durant 4 jours et que la 5e journée il se passe un fait qui vient le déstabiliser et qu’il oublie, il vient automatiquement de perdre son privilège. Résultat : déception, frustration, opinion piètre de lui-même parce qu’il n’a pas réussi, parce qu’il y était presque, parce que ce n’est pas juste, parce qu’il n’y arrive pas, parce qu’il n’y arrivera jamais….
Avec cette façon de faire, l’enfant est aussi axé sur le fait qu’il y a plein de choses à ne pas faire, qu’il y a plein de choses « qu’il ne fait pas comme il faut », « qu’il ne fait pas bien » « qu’il doit améliorer ».

Lorsque nous soulignons « les réussites », c’est immédiatement que l’enfant reçoit la récompense de se faire dire qu’il a bien fait, un pouce par en haut, un « tape là-dedans », un clin d’œil approbateur, un bravo, un « je suis fier de toi », tout ceci vient motiver et encourager l’enfant, lui indique tout de suite qu’il a bien fait, l’accompagne tout au long de ses actions, lui dit «tu es bon », « tu es capable » « tu peux bien faire ».

Réinventer les conséquences?
Mais alors, me direz-vous, si l’enfant ne fait pas bien, je dois laisser faire? Non bien entendu. La conséquence est une action en lien avec ce qui doit être fait, cependant, modifions-là un tout petit peu : elle peut être amenée sans pour autant mettre l’accent sur ce qui n’a pas été bien fait, mais plutôt sur le geste à faire réparateur, sur l’action positive à accomplir.
-Un mot court pour rappeler comment faire : « marche » lorsque l’enfant court.
-Un geste qui indique comment ou quoi faire : « descend » en débarquant l’enfant, caresse le chat doucement (en dirigeant sa main sur le poil pour lui montrer comment faire) si l’enfant a tiré son poil.
-Un outil : « voici le linge pour essuyer » si l’enfant a renversé quelque chose,
-Une action : « fait un câlin à ton ami » si l’enfant l’a tapé. « Demande-lui de te prêter son jouet » s’il arrache le jouet des mains d’un autre enfant.

Comme nous venons de le voir, il est facile d’apporter de façon positive des rappels à l’enfant, des indications pour le diriger à porter les bons gestes, les bonnes actions.

Le « stop » au lieu du « non »
Le mot « stop » est aussi préférable au « non », surtout pour le très jeune enfant. Si nous lui disons constamment « non, ne fais pas ceci, non, ne fait pas cela, non, je t’ai dit non… » vous risquez d’amplifier la phase du « non » lorsqu’elle arrive, car l’enfant aura entendu ce mot à répétition. Le mot « stop » quant à lui n’a pas la même connotation. Il indique l’arrêt et non la désapprobation.

Attention au compliment qui n’en est pas un
« C’est beau, mais la prochaine fois… »
Voici le genre de compliment qui n’en est pas un. Si nous voulons rester positif, attention avec nos compliments. Si nous faisons un compliment avec un « mais », encore là, il y a une non-satisfaction, une chose à corriger, comme si on passe vite sur ce qui est beau pour pouvoir enfin en arriver à souligner ce qui est à améliorer, donc une très courte appréciation. Ce genre de compliment est frustrant et pas du tout encourageant, car il indique tout de suite que ce n’est pas une réussite. Je l’ai expliqué dans les capsules « J’parent Force » un compliment doit amener l’enfant à être fier de lui, à comprendre pourquoi on lui dit que c’est beau : les couleurs sont bien choisies, le poème décrit bien les émotions, les mouvements étaient bien exécutés lors de la danse et il suivait le rythme, ainsi de suite.
Si quelque chose est à corriger ou à améliorer, ne pas le souligner lors du compliment, mais à un autre moment, lors d’une répétition, d’une période de bricolage ou autre, mais pas lorsque l’enfant vient, tout fier, vous présenter ce qu’il a fait. Je vous donne un exemple : l’enfant arrive tout content et vous montre son dessin. Vous remarquez qu’il n’a pas dépassé, mais qu’il a dessiné dans tous les sens en laissant beaucoup de blanc. Vous soulignez immédiatement ses bons coups : «wow! Tu as mis des couleurs qui vont bien ensemble et tu n’as pas du tout dépassé, je l’aime beaucoup». Lorsque l’enfant est parti, vous notez ce qui est à corriger et, la semaine suivante, à la période de bricolage vous annoncez : «aujourd’hui, je vais donner un petit truc pour rendre les dessins encore plus joli», et vous montrez la façon de faire. L’enfant ne se sent alors pas déprécié de ne pas avoir bien fait, il est fier d’apprendre comment améliorer ses œuvres. Ceci fait toute la différence.

Tout est axé sur le bon, le bien, le beau, et ceci pour le meilleur
Amener l’enfant à focaliser sur ses réussites engendre de plus en plus de réussites. Certes, il n’est pas facile pour nous de nous défaire de certaines habitudes ancrées en nous depuis longtemps, mais nous serons gratifiés X 1000 de nos efforts en constatant les progrès de nos enfants, leur estime d’eux-mêmes, leur confiance en eux, leur motivation, et notre relation qui en sera une de bonheur et d’harmonie.

Un gros merci d’être là pour ces petits êtres qui ont tant besoin de notre amour, de notre présence et de notre soutien.

Nicole.