Un jour, Bernard Werber a écrit dans son livre «Encyclopédie du savoir relatif et absolu» :
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez entendre, ce que vous voulez comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a au moins 10 façons de ne pas se comprendre. Mais essayons quand même…»

Quel est le processus de la communication?
Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de la communication. Parler de la communication me tient à cœur, car communiquer est un art! Communiquer implique «émettre un message» et «le recevoir». Il y a l’émetteur, le récepteur et, le feedback qui prend ici une grande importance, car c’est la réaction du récepteur qui est «saisie» par l’émetteur du message. Ainsi l’émetteur possède une information en retour qui le renseigne sur la manière dont son message a été saisi et qui l’amène à en clarifier le contenu s’il y a lieu.

Comment s’assurer d’une bonne communication avec son enfant?
Communiquer avec un adulte et s’assurer d’être bien compris relève parfois d’un vrai tour de passe-passe. Alors, imaginez avec un enfant! En tant qu’émetteur, on doit ici s’assurer que le récepteur, soit l’enfant, a bien compris notre message. Il faut donc être très attentif à la façon de réagir de celui-ci. Nous aurons souvent une réponse de sa non-compréhension par son non verbal ou tout simplement par ses actions. Car contrairement à nous, l’enfant ne comprend pas encore l’abstrait, les inférences (lire entre les lignes ou comprendre les sous-entendus), les expressions, le temps. Il nous faut donc ajuster notre façon de lui parler afin d’être bien compris, ce que nous ne faisons pas toujours. Je vous donne quelques exemples :

Face à l’abstrait:
-vous demandez à l’enfant de se calmer. Que signifie concrètement «être calme»?
-vous lui dites de s’asseoir «comme il faut». Que signifie pour lui «comme il faut»?
-que signifie pour lui «laisse le tranquille»?
-que signifie pour lui «ma patience à ses limites»?
-que signifie pour lui «c’est le hasard qui décide»? Ici j’ai un fait cocasse qui m’est arrivé lorsque j’avais ma garderie en milieu familial. Alors qu’on jouait à un jeu et qu’un des enfants était hyper frustré de perdre, je lui avais dit «c’est le hasard qui décide». Le lendemain nous avons joué à nouveau à ce jeu et ce fut le tour d’un autre enfant d’être déçu de perdre. Alors l’enfant à qui j’avais donné une explication la veille regarda son ami et lui dit : «ben voyons, faut pas se fâcher, c’est le lézard qui décide, Nini nous l’a dit hier!»

Et parlons des expressions!
-Il pleut des clous
-Il va tomber dans les pommes
Ici il nous vient sans doute des exemples cocasses d’incompréhensions de la part d’un enfant (Je vais tomber dans les patates)

Le temps est aussi ardu à comprendre
-Hier j’ai mangé des céréales (au lieu de ce matin)
-Hier je suis allé au zoo avec mon papa (alors qu’il neige à gros flocons dehors)
-Quand maman va arriver? Tantôt!
-On va aller chez mamie dans deux dodos. (Est-ce une sieste de l’après-midi et un dodo de la nuit?)
Hier, demain, après-demain, tantôt, plus tard…(QUAND???)
On croit être précis, mais pour l’enfant c’est la confusion et il n’est pas pour autant rassuré.

Quelques trucs pour être bien compris.
– Au lieu de dire «calme-toi», lorsque l’enfant est agité prenez-le par la main et amenez-le regarder un livre d’images. Lorsqu’il s’assoit, faites lui mettre la main sur son cœur afin qu’il remarque comment il bat vite. Après quelques minutes, faites-le à nouveau. Il constatera que son cœur bat plus lentement. Chaque fois que l’enfant s’agite, amenez-le faire une activité plus calme. Par la suite, lorsqu’il sera agité vous pourrez lui dire, fait un jeu calme et il comprendra.
-Au lieu de dire à l’enfant de s’asseoir comme il faut, expliquez-lui «assis-toi sur tes deux fesses».
-Au lieu de dire «laisse-le tranquille» expliquez lui la situation: choisis un jouet pour toi et va jouer plus loin, ton frère veut être seul.
-Au lieu de dire «tu vas être gentil aujourd’hui?» Dites plutôt «n’oublie pas d’écouter les consignes».
-Au lieu de dire «ma patience a des limites», prendre 3 élastiques de grandeurs différentes: un petit, un moyen et un grand. Montrez à l’enfant jusqu’où s’étire chaque élastique et que si on l’étire trop il peut casser. Faites-lui comprendre que quelquefois vous êtes comme le petit élastique. Une journée où vous vous sentez plus vulnérable, montrez le petit élastique à l’enfant, il comprendra par le visuel.
-Pour le temps je vous suggère trois trucs, le premier, un petit cadran le «time timer» où l’enfant peut comprendre le temps d’une façon visuelle. Le deuxième est un calendrier conçu spécifiquement pour lui, où chaque jour de la semaine est représenté par un dessin. Le troisième est ce que j’appelle la ligne du temps où on place chaque dessin des jours de la semaine les uns à côté des autres afin de mieux faire comprendre «hier» «aujourd’hui» et «demain».

Circonstances particulières
Souvent nous avons l’impression que nos enfants refusent de nous écouter, de nous obéir et on nous nous sentons complètement à court de ressources. J’en ai eu un exemple parfait l’été passé, alors que je marchais dans mon quartier :
Mère: Je t’ai dit qu’il ne faut pas aller sur le gazon.
Enfant: Je veux aller voir le papillon.
Mère: Il ne faut pas aller sur le gazon, le monsieur est venu mettre du poison.
Enfant: Oui, mais il y a un papillon.
Mère: Oui, mais tu dois rester ici.
Enfant: Je veux aller voir le papillon.
Mère: Il y a du poison, il ne faut pas y aller.
Enfant: Mais le papillon est là!
J’ai poursuivi ma randonnée sans connaître la suite de l’histoire. Cependant j’avais pourtant plusieurs solutions qui me venaient en tête.

La première:
Est-ce que l’enfant avait bien saisi ce que c’était du «poison»?
Comment expliquer cela à l’enfant? Tout simplement par une histoire symbolique. Elle aurait pu lui expliquer que lorsqu’il fait de la gouache, ou de la peinture à l’eau, s’il met sa main sur la feuille lorsqu’il vient de peindre la peinture se retrouve sur ses doigts. Il en est de même pour le produit qui a été mis sur le gazon. Et qu’il ne faut pas que cela se retrouve sur ses pieds, car cela peut lui faire des «bobos» sur sa peau.
La deuxième:
Se servir de l’imaginaire. Elle aurait pu lui dire: comme se serait plaisant d’avoir des ailes comme ce papillon. On pourrait aller jusqu’à lui sans toucher le gazon.
Ou encore: Se serait bien si le petit papillon venait jusqu’ici. Si tu l’appelles ou lui demandes par ta pensée de venir jusqu’à toi, peut-être qu’il va s’approcher!
La troisième:
Mère: Est-ce que tu peux trouver une solution pour aller voir le petit papillon sans toucher au gazon?
Enfant: Et si on mettait nos bottes de pluie?

Comme vous pouvez le constater, il y a plusieurs façons qui s’offrent à nous pour éviter qu’une situation courante de notre vie dégénère en conflit. Ici je vous en ai cité trois: l’histoire symbolique, se servir de l’imaginaire et amener l’enfant à trouver une solution.

Un autre exemple d’une circonstance particulière face à la compréhension
Une autre situation a été racontée par une maman. Elle disait avoir une routine très stricte dont elle ne dérogeait jamais. Par exemple, en revenant de l’école ses enfants prenaient une collation, faisaient leurs devoirs, soupaient, écoutaient un peu la télé. Ensuite c’était la routine du dodo, le bain, l’histoire et le coucher. Un soir elle annonça aux enfants qu’elle était allée chercher un film et qu’ils le regarderaient tous ensemble après le souper. Sachant que le film finirait plus tard que leur émission habituelle, elle décida de donner les bains d’abord. La plus jeune fille fit alors une crise incontrôlable et sa mère ne comprit pas pourquoi, car ceci ne s’était jamais produit. Elle finit par calmer l’enfant et apprit que celle-ci pleurait, car elle croyait qu’après le bain ils iraient au lit sans avoir vu le film… La mère réalisa alors qu’elle n’avait pas spécifié que pour ce soir-là ils prendraient le bain d’abord et regarderaient le film ensuite.
Vous vous souvenez au début lorsque je disais que le feedback était super important? Je crois que cette histoire nous le démontre super bien. La mère avait émis un message que l’enfant avait reçu, cependant pour l’enfant les actions ne concordaient plus avec ce qui devait se passer et l’enfant étant trop petit pour valider fut complètement déstabilisé.

Conclusion
Je suis certaine que ces quelques exemples ont fait ressurgir en votre tête des tranches de vie face à des situations particulières que vous avez vécues avec votre ou vos enfants. Si tel est le cas, est-ce que les écrits de cet article vous auraient été utiles? Est-ce qu’ils vous ont apporté des éclaircissements sur le pourquoi de certaines problématiques? Et de votre côté, avez-vous trouvé des solutions face à des circonstances précises que vous aimeriez nous partager? Si vous avez répondu oui à l’un ou l’autre de ces points, n’hésitez surtout pas à nous révéler le tout dans la section «commentaire» car en tant que parent, nous n’avons jamais trop de trucs et d’astuces.
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Je vous dis un grand merci d’être là et de vouloir faire une différence auprès de ces jeunes qui ont tant besoin de notre amour, notre présence et notre soutien.

Nicole